Poursuivre l’inventaire d’Albert Kahn
Le Festival de photographie contemporaine Mondes en commun fait son retour pour une seconde édition au Musée départemental Albert-Kahn

Le festival Mondes en commun ; poursuivre l’inventaire, propose des passerelles entre les collections historiques du musée et la création photographique contemporaine. Il s’agit de réactiver l’œuvre d’Albert Kahn en montrant sa pertinence au regard des enjeux du monde d’aujourd’hui.
La thématique du festival – l’inventaire visuel du monde – propose une relecture de la collection de photographie et de films des Archives de la Planète ; ce projet démesurément ambitieux de dresser, selon la formule d’Albert Kahn « un vaste inventaire photographique de la surface du globe occupée et aménagée par l’homme, telle qu’elle se présente au début du XXe siècle ». Les inventaires se déclinent également en lien avec les collections végétales de l’établissement autour de thématiques liées au vivant : faune, flore, biodiversité́, etc.
10 séries de photographie contemporaine présentées dans le jardin du musée
Le festival donne à voir des travaux photographiques ayant pour objectif de représenter méthodiquement le réel dans toute sa diversité, du proche au lointain, du « macro » au « micro », du vivant à l’inanimé́. Pensé en lien avec les collections du musée, ce rendez-vous aborde les thèmes centraux de la collection telles que la géographie humaine, la diversité culturelle et celle du vivant, les traditions populaires ou le patrimoine naturel et architectural.
Les propositions photographiques ont été sélectionnées par un jury composé de représentants du musée et de l’association des Amis, ainsi que de personnalités qualifiées du monde de la photographie.
Un pays est plus particulièrement mis à l’honneur chaque année : en 2025, à l’occasion de l’année croisée France-Brésil, deux photographes brésiliens sont ainsi présentés dans la sélection.
Le jury de l’édition 2025
Thierry Ardouin, photographe, lauréat du prix des Amis 2024
Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume ;
Renan Benyamina, ancien directeur délégué des Ateliers Medicis et directeur du développement du Pass Culture
Françoise Bornstein, directrice de la galerie Sit Down et membre du CA de l’Association des Amis du musée Albert-Kahn ;
Nathalie Doury, directrice du musée départemental Albert-Kahn ;
Florence Drouhet, commissaire d’expositions et conseillère artistique ;
Sylvie Jumentier, présidente de l’Association des Amis du musée,
Benoit Pelletier, fondateur et directeur artistique du magazine Process,
Clément Poché, chargé d’expositions au musée départemental Albert-Kahn;
Cristianne Rodrigues, commissaire d’expositions, spécialiste de la scène brésilienne.
Le Prix Photo des Amis décerné à l’un des photographes du festival
L’Association des Amis du musée Albert-Kahn décerne un prix à l’un des photographes de l’édition de l’année. Le lauréat ou la lauréate se voit accorder une bourse de 5000 euros dotée par l’association et dispose d’un espace d’exposition de choix dans le parcours global de la manifestation. Il/elle rejoint le comité de programmation de l’année suivante.
Les artistes et les séries présentés pour l’édition 2025
Ursula Böhmer (Allemagne) – All ladies
La photographe allemande Ursula Böhmer est partie à la rencontre des différentes races de vaches européennes. Dans All ladies, cows in Europe, elle a photographié avec douceur et tendresse plus de 80 de ces vaches, dont certaines sont aujourd’hui menacées.
Usurla Böhmer, née à Aix-la-Chapelle en 1965, vit et travaille à Berlin. Elle étudie la sociologie, la philosophie avant de se tourner vers la photographie et la communication visuelle. Son travail, presque entièrement en noir et blanc, représente essentiellement la faune ou la flore.
Luiz Braga (Brésil) – Ôde à la couleur
La Série Ôde à la couleur propose un voyage au cœur des villages des ribeirinhos, peuples traditionnels de l’Amérique du Sud. Ces pêcheurs vivent sur des maisons sur pilotis où les habitants se repèrent dans les villages grâce aux couleurs des maisons.
Né à Belém (Brésil) en 1956,Luiz Braga documente depuis près de 50 ans la vie quotidienne des ribeirinhos, peuple de pêcheurs vivant traditionnellement aux bords des rivières comme le fleuve Amazone. Cherchant à dépasser les stéréotypes qui ont façonné notre vision de l’Amazonie, son travail explore les interactions entre nature et culture en jouant avec les lumières naturelles et artificielles des espaces qu’il capture.
Siân Davey (Royaume-Uni) – The Garden
The Garden est une série collaborative et participative avec les habitants, les visiteurs et voisins de la photographe Siân Davey qui sont venus passer un moment dans le havre de paix construit par la photographe et son fils après le confinement.
Née en 1964, Siân Davey est une photographe britannique avec une formation en beaux-arts et en politique sociale. Ces 15 dernières années, elle a en outre exercé en tant que psychothérapeute. Son travail photographique est une investigation de ses propres « paysages psychologiques », ainsi que ceux des personnes qui l’entourent, sa famille et sa communauté étant au cœur de sa pratique.
Pedro David (Brésil) – Suffocamento
Pensée comme un manifeste visuel des ravages de la monoculture dans les forêts brésiliennes, la série Suffocamento montre des champs d’eucalyptus à perte de vue, variété d’arbres non endémiques du Brésil, étouffant des arbres de la région qui n’ont pas pu être coupés lors de l’exploitation des sols.
Né en 1977 à Santos Dumont (Brésil), Pedro David a étudié le journalisme avant d’embrasser une carrière d’artiste photographe et plasticien. Son travail porte sur les transformations sociales liées à l’urbanisation et l’industrialisation du Brésil ainsi que leurs effets sur les paysages et notre lien à la nature.
Roberto Giangrande (Italie) – Incompiuto
Ils sont près de 1 000 en Italie, ces bâtiments non achevés qui parsèment le paysage et portent le nom d’incompuito. Ces constructions incomplètes le sont pour des raisons diverses (économiques, politiques, corruption). À travers cet inventaire brutaliste Roberto Giangrande recherche des images non spectaculaires qui proposent une contemplation et une réflexion sur la trace de l’homme dans le paysage.
Roberto Giangrande, né à Rome (Italie) en 1970, développe depuis la fin des années 90 un corpus photographique portant sur l’architecture, des formes urbaines les plus embryonnaires aux plus complètes. Saisir ainsi le corps des villes est pour lui un moyen de comprendre et refléter les liens, parfois intimes, que tissent les habitants avec leur environnement.
Claude Iverné (France) – Soudan
La démarche photographique de Claude Iverné sur le Soudan ne peut être comprise que comme un inventaire total. Depuis plusieurs décennies, il s’est attaché à décrire en images cette région du monde peu connue avec un protocole et une exhaustivité fascinante (architectures, paysages, patrimoine, villes modernes, portraits de soudanais, camps de réfugiés, etc.).
Claude Iverné, né en 1963 (Auxonne, France), explore depuis bientôt 30 ans le Soudan. Son travail a été récompensé en 2015 par la Fondation Henri Cartier-Bresson. Il est le fondateur de Elnour (la lumière), un bureau de documentation rassemblant plusieurs photographes soudanais et chercheurs internationaux afin de mettre en lumière ces territoires, ainsi que d’une maison d’éditions du même nom.
Peter Mitchell (Royaume-Uni) – Scarecrows
Réalisée sur plusieurs décennies, la série Scarecrows de Peter Mitchell propose un inventaire systématique, original et décalé d’épouvantails anglais qui se trouve être au croisement de plusieurs thématiques des Archives de la Planète comme la géographie, l’agriculture, le folklore ou encore le costume.
Né en 1943, Peter Mitchell était dessinateur cartographe au ministère du logement britannique avant de se lancer dans une carrière artistique. Il se fait connaître dans les années 70 par la documentation quotidienne qu’il fait de la ville de Leeds où il vit et travaille toujours, captant de façon poétique l’évolution des espaces urbains, les structures en déclin et les transformations sociales qui l’accompagnent.
Thomas Paquet (France) – La postérité du soleil
À la croisée de la photographie scientifique et plasticienne, La postérité du soleil est une série qui capte le déplacement du soleil, avec une image pour chaque jour de l’année. Cet inventaire radical propose d’observer le mouvement des révolutions de notre étoile autour de notre planète. La ligne dessinée par le soleil sur le tirage est concave ou convexe selon l’emplacement de la terre par rapport à l’astre ou bien droite au moment des équinoxes.
Artiste franco-canadien né en 1979, Thomas Paquet développe un travail expérimental sur les caractéristiques fondamentales de la photographie via des procédés anciens. Débarrassé des outils numériques, il explore les possibilités et limites du medium photographique, faisant de la lumière, de l’espace et du temps ses sujets de prédilection.
Aurélie Scouarnec (France) – Gwiskañ / Revêtir
Le projet Gwiskañ / Revêtir d’Aurélie Scouarnec propose un inventaire photographique de costumes traditionnels revêtus lors de championnats de danse celtique ou de festivités à travers la Bretagne.
Née à Argenteuil (France) en 1990, Aurélie Scouarnec nous donne à voir, avec une grande délicatesse, des parcelles d’intimité, de gestes et de matières, des parcours de vies de communautés. Que ce soit dans un centre de soin pour la faune sauvage (Ferae, 2020-2022) ou au cœur des compétitions de danses celtiques, elle semble suspendre le temps afin de nous faire entrer dans ces univers.
Rebecca Topakian (France) – (n=6-9)
La série (n=6-9) documente l’implantation des perruches dans la métropole de Paris. La photographe présente ici le résultat d’une double collecte : d’une part une étude formelle de plumes colorées, et de l’autre, des descriptions utilisées sur internet pour caractériser ces perruches.
Née en 1989, Rebecca Topakian explore au travers de la photographie la notion d’identité, dans ses dimensions aussi bien invisibles, mythologiques ou fictionnelles. Sa recherche a débuté durant ses études en philosophie et géographie. Elle fait partie du collectif de photographes Mirage.
Le soutien des Amis du musée est apporté au festival Mondes en Commun, par l’attribution du Prix des Amis, ainsi que par une participation aux frais permettant aux artistes de venir au musée pour le festival.
AURÉLIE SCOUARNEC ET CLAUDE IVERNÉ SONT LAURÉATS EX-AEQUO 2025 DU PRIX DES AMIS DU MUSÉE ALBERT-KAHN